Grandir dans le canton du Valais amène autant d’avantages que de désavantages. D’un côté, on fait pratiquement ses premiers pas sur les pistes de ski situées à proximité et on ne manque certainement pas de vitamine C grâce aux 260 jours d’ensoleillement par an. D’un autre côté, il n’est pas toujours facile pour un adolescent de trouver le contact avec la ville lorsque l’on vit dans une région rurale où on respire l’odeur des bouses quand on ouvre la fenêtre. Mais depuis que je vis loin de ma patrie, j’estime de plus en plus cet environnement et je prête davantage d’attention à ses traditions uniques dont fait partie le combat de reines. Quand j’étais plus jeune, je souriais des éleveurs et de leurs vaches. Je ne comprenais pas comment mes co- pains de foot pouvaient manquer un jeu au profit de vaches qui se donnent des coups de boule à Aproz. Et il me semblait tout a fait absurde que la presse régionale en parle le lendemain de façon détaillée. Mais il y a quelques années, je me suis laissé convaincre d’aller regarder un combat de reines et j’en ai profité pour prendre quelques photos en noir et blanc. J’ai constaté avec surprise que le combat était vraiment un spectacle éblouissant et que c’était plus qu’un simple combat de vaches qui se donnent des coups de tête. |
En me focalisant uniquement sur la finale cantonale à Aproz, je ne pouvais représenter tous les éléments de cette tradition. Ce n’était d’ailleurs pas non plus mon but. Nous nous sommes ef- forcés d’appréhender le combat d’une autre façon, car il existe déjà suffisamment de livres et reportages instructifs. Notre film tente de réduire le combat à ce qu’il a de plus élémentaire tout en épousant différents points de vue et en l'esthétisant à l’aide de tous les moyens dont dispose le cinéma. Nous avons fait des recherches intenses, mais ce film vit finalement – en dehors de quelques plans prévus et stylisés – des surprises occasionnées par les protagonistes. Nous ne pouvions malheureusement (ou heureusement) décider qui allait être le vainqueur. Mais c’est avec plaisir que nous avons relevé le défi de devoir agir de la meilleure façon possible face à des imprévus et de prendre les bonnes décisions. J’ai attaché une importance toute particulière à ce que le film aborde cette tradition saisissante avec la fierté nécessaire et une grande fascination, mais également avec un clin d’œil. Je ne suis d’ailleurs pas opposé à ce que l’on qualifie COMBAT DE REINE de «Heimatfilm». Cela a été un immense plaisir de travailler avec une équipe énergique et efficace – mon cercle d’amis – et de réaliser un film à la fois amusant et instructif qui invite le spectateur à la rêverie grâce à la beauté des images. |